Poétique de la marche Jean-Luc Le Cléac'h

Je cherche des mots qui soient l’équivalent du tremblement de la lumière dans la bruyère violette des derniers jours d’août, qui présentent la même souplesse que les chaumes flexueux des bambous que le vent agite, ou qui offrent les éclats argentés des écailles d’eaux dans le cours naissant des rivières. Il n’y a pas de message, pas de leçons, pas de vérité… à chercher sur le chemin; simplement la vibration pure et nue de la vie. L’évidence de l’existence, de sa beauté aussi. Une émotion contenue, une passion calme et féconde : la marche est une monotonie créatrice, dit Jérémy Roumian (Bouts du monde n° 11) auquel fait écho « Le mouvement alterné des jambes suffisait à contenter l’âme(…) une totale liberté de départ » de Marguerite Yourcenar dans l’œuvre au noir. La marche est une rêverie en action, mieux encore, une activité rêveuse. Un loisir qui concilie l’action, la contemplation, une activité dont se nourrissent l’imaginaire et toute notre vie intérieure. M...