Roberto Juarroz, Poésie Verticale
Excès
d'écriture
Sur
tout il y a quelque chose d'écrit,
que
nous ne déchiffrons qu'à moitié.
Tout
n'est qu'un palimpseste
qui
ne s'efface qu'en partie
et
multiplie ensuite ses couches d'écriture.
le silence lui même est écrit.
Nous ne pouvons
effacer
une seule lettre.
Nous
ne pouvons pas non plus
ne
pas écrire par-dessus.
Mais
un compromis est possible:
Ecrire
vers l'intérieur
Là,
comparativement,
il
y a beaucoup moins d'écrits.
S'effacer,
s'abstenir,
sous
n'importe quel climat.
Vivre
les nuits comme des sortilèges
et
rester en marge,
sans
même les prononcer.
Dévier
légèrement l'éternité
et
se tenir là en suspens,
comme
un insecte dans une fissure.
Ce
n'est qu'ainsi,
abandonnant
parfois temporairement la vie,
qu'on
peut continuer de vivre (IX, 43)
Roberto Juarroz, Poésie Verticale, Fayard Collection
Points
Distraitement je cueille une branche.
Et
la tenant dans la main
Je
sens qu'elle m'a choisi
pour
que je la cueille
La
volonté est une substance transparente
que
le vent déplace comme un monticule de poussière
et
qui se dépose ici ou là
comme
un reflet perdu entre les feuilles.
Mais
quand ma main lâche la branche,
je
sens un instant le tremblement étrange
que
doit sentir comme un soleil en sa main
le
conducteur des reflets. ( VI, 55)
Roberto Juarroz, Poésie Verticale, Fayard Collection Points
( message paru en janvier 2013 réactualisé
ce jour)
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