De l'âme, François Cheng
« Elle a
une âme. Etrange présence cachée, ombre mystérieuse qui est coulée dans le
corps, qui vit derrière le visage et les yeux, et qu’on ne voit pas. Ombre de
respect, signe de reconnaissance de l’espèce humaine, signe de Dieu dans chaque
corps »
Le Clézio, L’Extase
matérielle -cité page 45-
Rimbaud rêvait d’une « langue de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons,
couleurs », François Cheng nous
parle « De l’âme », celle que l’on nomme à peine aujourd’hui, celle qui dit pourtant simplement le secret qui nous unit. Savoir que l’on a une âme ou l’ignorer
ne revient pas au même.
En ce jour, parler avec vous « De l’âme », aube souveraine. Elle nous appelle en secret de son regard d’enfance.
« De l’âme », ce sont sept lettres écrites
par François Cheng à une jeune femme rencontrée, il y a bien longtemps, par
hasard. Une jeune femme qui revient vers lui, des années après. Parlez-moi
de l’âme,
lui demande-t-elle. Ainsi démarre cette intense pensée de l’auteur qui relève,
après une longue réflexion, le défi… Retrouver
et repenser l’âme s’avère une tâche nécessaire et urgente.
François Cheng cherche à comprendre le rôle que
joue l’âme dans la constitution de notre être. Ses expériences, ressentis, lectures et résonances nous accompagnent sur cette voie. Un tour d’horizon dans les grandes traditions
spirituelles, une lettre dédiée à Simone Weill, figure d’absolu, ces mots
retrouvés de Pierre Jean Jouve : « la poésie supérieure est une
fonction de l’âme, et non pas de l’esprit ; c’est l’âme qui fournit l énergie
capable de faire, de la masse agglutinée une « chose de beauté ». Je
hasarde une explication que l’âme est en nous le seul pouvoir d’éternel ».
Tant de visages à re-découvrir ici.
« En dépit des malheurs causés par l’existence
du mal sous tous ses aspects, une immense donation a lieu. Tout le ciel étoilé,
toute la terre nourricière, toute la splendeur de l’aube et du soir, toute la gloire
du printemps et de l’automne, tout le Souffle animant l’univers porté par le
vol d’oiseaux migrateurs, tous les chants humains montés de la vallée des
larmes, tout cela constitue un ici et maintenant où l’éternité se ramasse. Cet
ici et maintenant ne peut rayonner, irradier, faire fleurir et porter fruit,
susciter écho et résonance, et par là, prendre tout son sens que s’ils est vécu
par une âme. Ainsi, une immense expérience de vie est déposée là, dans l’ensemble
de ces âmes qui ne sont nullement des entités vagues ou neutres, vides de
contenu. Au contraire, ayant absorbé en elles le génie du corps et de l’esprit,
ayant assumé les conditions tragiques de l’existence terrestre, elles sont
devenus des entités éminemment incarnées et désirantes- et, partant, des
candidates à un autre ordre de vie. »
extrait page 152 Septième lettre
et ce serait donc ainsi que
RépondreSupprimerce qui s'agite au fond de moi en sautillant en riant en me chatouillant quelquefois
en me poussant vers toutes ces offrandes de l'aube
en m'incitant à embrasser tout cela et à remercier
serait dû aux faits et gestes de ma petite âme
bien cachée dans mon corps et derrière mon esprit ?
Merci Jamadrou , l'interrogation est joyeuse...
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