"Les gens comme ça va" Dominique Sorrente
A
l’adresse de mes « frères humains » (François Villon)
« Des
gens comme ça va » si étranges
parfois qu’il me, qu’ils nous ressemblent.
« Ainsi
aller au cœur, en suite de poèmes, au plus près de la part secrète,
dans
cette communauté de destin malmenée qui nous relie »
Ils sont les gens, les autres. On dit
ça va. Un parmi. Ecoutez le cœur. Et il y a pour eux. Le ciel pour cette joie. Un mouvement en 7 chapitres pour peut-être dire où l’on va, seul
avec les autres.
Ce livre
est né, nous dit l’auteur, au lendemain des attentats du 7 janvier 2015 à
Paris.
Le poème
sera la main tendue au bord du gouffre. Hymne fervent, Les gens comme ça va nous
regardent.
Le récit est riche, et si notre humanité nous échappe, laissons-nous entreprendre par ce voyage.
Une
première question, essentielle :
A quoi peut-on ressembler / sur l’autre
versant des corps ? / Demandent les gens obstinément / à l’eau du fleuve.
C’est le
point de départ de cette marche où, singulier, nous allons nous côtoyer, nous
deviner frères.
Parfois ils se reconnaissent,
parfois ils s’ignorent
peut-être se sont-ils trop longtemps
perdus de vue (…)
Parfois, ils
ont l’air ailleurs, dans un recoin du jour,
ils ont troqué
l’agitation
sordide contre le silence des herbes,
ça fait toute
une occupation.
Comme l’art de
fixer sur le dos de la main
un bref instant
de coccinelle.
La ronde
serait-elle enfantine, tant l’évocation de nos attitudes sonnent et
trébuchent : jusqu’au ciel. Tel un mouvement, circulaire, encore un que l’ennemi n’aura pas, qui
se retourne sur lui-même en un éclat de joie ?
Mais il y a pour eux : La neige aussi. Elle donne le droit / de
traverser le champ, / parce qu’elle a recouvert / les territoires et les
limites / et qu’on marche d’un pas appliqué / sans blesser les pousses.
Il y en
a de toutes les couleurs, des gens comme
ça va, un peu balourds, un peu fluets / tantôt sûr de leurs coups, tantôt /
déboussolés. Chacun entrera dans la danse, construira son puzzle, fera
tomber le masque et l’inattendu surgira.
Le
poète, un parmi les gens comme ça va
veille : Mi-février
conversation de près avec le
mimosa …
Ici les gens deviennent plus proches. Espace
de rencontre, le livre (si intense) nous relie. Le poète Dominique Sorrente
espère avec nous. Ce matin c’est à toi
que je parle. / Rien qu’à toi.
Ils ont trouvé sur une étagère du
couloir
un livre que plus personne ne lit,
dans ce livre entre deux pages, une vieille image pliée
où sont écrits ces mots en rouge et gris,
perdus dans une flamme : elle ne sait plus qu’aimer.
un livre que plus personne ne lit,
dans ce livre entre deux pages, une vieille image pliée
où sont écrits ces mots en rouge et gris,
perdus dans une flamme : elle ne sait plus qu’aimer.
Ils en sont quittes pour un baiser
durable.
Ils rient : encore un
que l’ennemi n’aura pas.
que l’ennemi n’aura pas.
Le ciel pour cette joie fait une
roue dans l’eau.
Ils sont les gens comme ça va.
Ce
recueil est envoutant, précis. Il écoute
le cœur des gens. Avec lui, nous
avançons jusqu’au bord, léger de tout cet
inconnu qui penche et nous appelle.
Brigitte
Maillard
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