Enfin le royaume, François Cheng
Tu ouvres les volets, toute la
nuit vient à toi,
Ses laves, ses geysers, et se mêlant à eux,
Le tout de toi-même, tes chagrins, tes émois,
Que fait résonner une très ancienne berceuse.
Un jour si je me perds en toi,
me rappelleras-tu mon nom ?
Un jour en toi si tu me retrouves
me révéleras-tu ton nom ?
à Etienne
Sois prêt à accueillir
tout instant qui advient :
sente gorgée de soleil,
grisée de lune, clairière.
Cherche l’éclair, celui qui frappe
d’un coup de foudre,
Ou qui ébranle jusqu’aux entrailles ?
d’une simple caresse
Vent debout, nous formons la
grande houle ;
En nous les brûlantes
saisons s’écoulent
Nous serons tout bruit au
passage des cigognes ;
Qu’un loriot chante, et nous
serons tout ouïe
Enfin le royaume, Edition revue et augmentée quatrains
François Cheng Gallimard 2019
- Forme
brève mais moins abrupte que le haïku, le quatrain ne s'en tient pas au
lapidaire, il sait donner du rythme à la pensée, à l'émotion, à la surprise, il
sait initier un questionnement, amorcer une méditation, esquisser un chant.
François Cheng atteste ici du pouvoir singulier de ce mode d'expression
resserré, pourtant si peu enclos, si ouvert aux résonances, aux errances
fertiles, voire à une manière salutaire d'engouement simple. -
« Le quatrain est un élément universel du
langage poétique. En chine c’est une forme majeure dans la tradition classique.
Le quatrain est le diamant de la poésie universelle. Il constitue la forme la
plus concentrée tout en étant complexe ce qui lui permet d’irradier dans tous
les sens. » François Cheng Interview La grande Librairie 23 février 2018
Un livre de chevet...
RépondreSupprimer