Note de lecture de Pierre Tanguy, « Constante de l’arbre » : poésie et photographies
Monde en poésie a la joie d'accueillir, en complément à la présentation du recueil paru dans le post précédent par Brigitte Maillard, cette note de lecture de Pierre Tanguy auteur, poète et critique : "Constante de l'Arbre" Marie-Josée Christien & Yann Champeau.
« Constante
de l’arbre » : poésie et photographies
L’arbre est dans le vent. On l’enlace, c’est
bon pour la santé. On fait une marche en forêt et tout va pour le mieux. Mais
le poète - et pas seulement les
thérapeutes - a aussi son mot à dire
ainsi que le photographe. Le livre à quatre mains de Marie-Josée Christien et
de Yann Champeau élargit en effet le champ des possibles.
« Constante de l’arbre », titrent les deux auteurs. Mais
qu’est-ce-à dire ? Un détour par le dictionnaire n’est pas superflu. « Constante, n.f. Tendance, orientation
générale. Donnée dont la nature et la valeur sont déterminés. Caractéristique
physique qui assure la cohésion des atomes et des molécules ». Passé
cette définition un tantinet scientifique, on entre de plain-pied dans le
regard des deux créateurs. Pour la page de droite, le photographe. Pour la page
de gauche, le poète.
Yann
Champeau nous convie ici à un bel exercice de contemplation. L’arbre y est
magnifié et présenté, dans le chatoiement des saisons, sous toutes ses couleurs
et toutes ses coutures (branche, racine, feuille, tronc…). On reste ébahi
devant tant de beauté saisie avec bonheur par l’artiste : l’arbre et ses
frondaisons d’automne, l’arbre sous la neige, l’arbre séculaire, l’arbre
illuminé par un soleil couchant, l’arbre dans le chaos des rochers, l’arbre
enraciné, l’arbre et l’arc-en-ciel, l’arbre et la pomme… Et, au bout du compte,
un arbre qui semble bien être un
compagnon de route. Les saisons de l’arbre sont aussi nos saisons du cœur et de
nos états d’âme, partagés entre ombre et lumière, semblent nous dire ces
photographies.
Pour
« faire route » avec ces arbres-là, on ne pouvait concevoir que des
mots à la frontière de la poésie et de l’aphorisme. Des mots marqués,
forcément, du sceau de la méditation voire de l’interrogation métaphysique. « A quel moment un
arbre/quelconque/devient-il/dans nos pensées/l’arbre ? ». Marie-Josée
Christien sait manier avec bonheur cette forme d’expression poétique. « Passager immobile/l’arbre n’a que le
vent/pour envisager/ses destinées lointaines ».
La
poète rassemble ici des textes sur l’arbre disséminés dans des recueils qu’elle
a publiés entre 1982 et 2011 (Les extraits
du temps, Aspects du canal, Conversation de l’arbre et du vent…). Elle y ajoute un « bonus
inédit » marqué, comme ses autres courts poèmes, par une sobriété de bel
aloi. « Dans le givre du
matin/l’arbre somnolent/revient à la léthargie/du lierre//Il rend visible/la
patience du monde/des racines ». Un très beau livre.
Pierre TANGUY.
Constante
de l’arbre,
Marie-Josée Christien – Photographies de Yann Champeau, Les Editions Sauvages,
carré de création, 76 pages, 23,50 euros.
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